Photovoltaïque Lecornu augmente les volumes des appels d’offres
Le secrétaire d’État a dévoilé le 28 juin 2018 son plan pour le développement de l’énergie solaire, plaidant pour une libéralisation du marché. Seule garantie pour les agriculteurs, ils pourront bénéficier de la hausse des volumes d’appels d’offres sur l’agrivoltaïsme et les toitures.
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Ils étaient tous là : Carrefour, Leclerc, Auchan, Système U...Toute la distribution a répondu à l’appel lancé par le secrétaire d’État Sébastien Lecornu, qui présentait son plan soleil. Objectif ? Aider la France à atteindre ses ambitions en termes d’énergies renouvelables. Sur scène, les grandes enseignes ont annoncé qu’elles produiraient 340 MW de capacité solaire d’ici à 2023.
Cette annonce ne doit pas faire oublier que les agriculteurs ont déjà installé trois fois cette puissance. Selon les chiffres du ministère de la Transition écologique, les toitures agricoles représenteraient aujourd’hui 13 % du parc solaire, soit une puissance de près de 1 000 MW. Trois mesures visant à développer ce potentiel ont été dévoilées.
Augmenter la puissance, faciliter l’innovation
« Comme pour la méthanisation, il faudra encore quelques années pour lever les contraintes sur les exploitants », déclare Sébastien Lecornu. Mais cela ne l’empêche pas d’espérer voir plus de panneaux solaires dans les fermes. La puissance recherchée sur les prochains appels à projets concernant les bâtiments, serres et hangars agricoles sera augmentée de 50 %. Le volume sera ainsi portée à 2,8 GW au lieu des 1,9 MW de la période précédente.
« Nous avons également supprimé certaines contraintes », affirme le secrétaire d’État. Comme dans le reste des secteurs investissant dans le solaire, le gouvernement veut simplifier les procédures. Deux mesures ont été annoncées : l’obligation de garantie de suivi sera supprimée et les installateurs n’auront plus besoin de justifier d’une certification ISO 9001 ou 14001.
L’innovation dans le solaire agricole sera par ailleurs encouragée. Les projets agrivoltaïques, qui visent à concilier production d’énergie et agriculture sur les mêmes parcelles, bénéficieront d’une hausse du volume des appels à projets. Le volume dans ce secteur devrait augmenter de 30 % pour atteindre près de 100 MW sur deux ans.
Pas de mesure spécifique
Certains, à l’issue de ces annonces, continuent de penser que les agriculteurs ont été écartés du plan Soleil. La FNSEA avait déjà fait part de ses inquiétudes, jugeant que les agriculteurs étaient exclus des appels d’offres par la baisse progressive des prix.
Dans l’entourage du ministre, on dément. Le plan sur la méthanisation a déjà démontré la volonté de l’Administration de favoriser les petites unités de production d’énergie en milieu agricole, argumente-t-on. Et les chambres d’agriculture comme les syndicats ont été associés aux réflexions qui ont permis d’aboutir à ces propositions sur le solaire.
Les exploitants n’ont effectivement aucune garantie d’être les seuls bénéficiaires de ces mesures. « Toute entité morale ou physique », prévoient les cahiers des charges, peut candidater aux appels d’offres concernant les toitures ou l’agrivoltaïsme. Cependant, rappelle le ministère, plus de la moitié des bénéficiaires des appels à projet pour les toitures sont des exploitants agricoles.
L’argent public, opium du renouvelable
« Le solaire n’aura bientôt plus besoin de grand plan », se félicite le secrétaire d’État. Pour lui, le secteur doit trouver un modèle économique viable à moyen terme. L’État n’a plus les moyens de jouer les grands régulateurs sur les marchés, explique-t-il.
Les prochains appels d’offres s’accompagneront sans doute d’une nouvelle baisse des tarifs d’achat de l’électricité. Qui remportera la mise dans ce contexte ? La grande distribution affiche, pour une fois, une ambition mesurée. Quant aux grands champions de l’énergie, EDF, Total, ou Engie, ils ne jouent pas dans la même catégorie que les agriculteurs.
Ivan LogvenoffPour accéder à l'ensembles nos offres :